Une politique de charlatans

Je voulais faire un post pour vous parler du frêne, et puis finalement, c’est la politique américaine qui me fait dévier pour vous parler du charlatanisme en puissance. Aux USA, ont appelle cela “snake oil”, le remède miracle. Dans un article sur Yahoo, on annonce que Biden va planter un milliard d’arbres aux USA et dans le monde. L’article n’annonce pas de budget recherche aux fins de mieux protéger les forêts. En France non-plus d’ailleurs. Après la série d’incendies dans les Landes, Macron a annoncé qu’il replanterait des arbres et cette fois, en mélangeant les espèces. Bon, ben après ça on fait quoi?

Malheureusement, je connais bien cette politique “humanitaire” de polka, un effet d’annonce par ci, un effet d’annonce par là, et on s’attend à ce que cela calme les esprits. En France, la forêt tropicale dispose d’un centre de recherche à Montpellier, le CIRAD. Où est le centre de recherche sur les bois tempérés? Et surtout, quand arrêtera-t-on de n’employer que des fonctionnaires plan plan qui récoltent les champignons sur les arbres comme d’autres font du scrapbooking. Ils sont où les laboratoires de recherche?

A vrai dire, les laboratoires de recherche devraient être sur le terrain, auprès des agents ONF, des propriétaires forestiers et des scieurs pour leur donner les moyens de centraliser toutes les difficultés du terrain et réfléchir ensemble aux moyens d’y pallier. Il devrait y avoir au moins un centre de recherche qui ne serve qu’à cela, faire entrer le public dans les laboratoires et leur donner les moyens de développer des solutions. Il faut arrêter de croire que les souris de laboratoire en blouse blanche vont tout solutionner. Il faut aussi arrêter de croire que les associations de protection de l’environnement vont faire le boulot. C’est collectivement qu’il faut affronter les problèmes par de l’innovation.

Greenpeace m’a appelée hier sans laisser de message et probablement parce qu’ils ont dû identifier sur la toile que je serais peut-être une donatrice potentielle. Pour faire quoi, signer des pétitions? M’attacher au portail d’un préfet? Manifester dans la rue en orange en scandant ma colère? Pire, verser mensuellement une somme qui ne serve à rien d’autre qu’imprimer des prospectus? Ce n’est pas mon militantisme.

Je voulais vous parler du frêne parce que j’habite sous un frêne velour (velvet ash) typique du Sud-Ouest en Californie. Cet arbre a déjà planté dans mon jardin une centaine d’arbres que je chéris et que mes voisins chérissent. C’est un arbre miracle, extrêmement résistant aux fortes chaleurs et grâce auquel je peux faire pousser d’autres arbres, d’autres espèces. Si parfois j’oublie d’aroser, pas grave, il tient bon. Si j’oublie d’aroser un peu plus longtemps, les feuilles tombent puis elles repoussent dès que j’apporte un peu d’eau. Cet arbre supporte le stress climatique et permet aux autres espèces de mieux se réguler. Par ailleurs l’ai deux frênes de plus de 3 mètres de haut qui tiennent dans un pot de 25cm, c’est à dire que cet arbre se contente de peu.

Le frêne français est en voie de disparition à cause d’un champignon asiatique. C’est son covid à lui. Le frêne américain est en voie de disparition à cause d’un insecte en provenance d’Asie, le “tree borer”. Cet insecte perce l’écorce, avale la sève et la pisse par petits jets. Juste en dessous d’un tree borer, on voit des tâches blanches causées par cet insecte. Très étrangement, c’est un insecte que mon chat adore manger, c’est comme un bonbon pour elle. Devant cette épidémie, j’ai décidé de ne pas traiter, mais de laisser la nature trouver ses propres remèdes. Je ne fais qu’encourager les remèdes. Les araignées sauteuses par exemple mangent les “tree borer”, mais une nouvelle variété d’araignées, les “grass spiders”, sont venues s’installer dans mon jardin et celles-ci tuent les araignées sauteuses. Elles tuent de nombreux autres insectes comme les punaises, les mouches et malheureusement les abeilles. Elles sont extrêmement agiles, mais elles tuent aussi les “tree borer”. Je n’ai presque plus de tree borer depuis que les araignées se sont installées dans mon jardin.

Là où je veux en venir, c’est que pour protéger la forêt, il faut faire de la recherche dans tous les domaines affiliés à la forêt, l’entomologie, les techniques de construction, le couvert forestier. J’ai remarqué que le “tree borer” était attiré par les petits arbres poivriers et les geraniums, des plantes à tanin. Les plantes à tanins peuvent pousser ces insectes à descendre des arbres pour se nourrir à hauteur de “grass spiders” et qu’enfin il était possible de réguler les “grass spiders” avec le jet d’eau, les oiseaux, notamment les mockingbirds. Les grass spiders ont un cycle de vie très court similaire au “tree borer”.

C’est seulement par l’observation et le développement de connaissances avancées que l’on protège l’environnement, ce que les anciens, eux, savaient faire, en étant généralistes pour traiter les problèmes les uns relatifs aux autres. Les rats de laboratoire en blouses blanches sont des spécialistes et aucun jusqu’à présent n’a vraiment su remédier à la déforestation parce que chacun vit dans sa bulle pour traiter les problèmes individuellement. En revanche, la mixité des savoirs et leur proximité par le développement d’une méthodologie de travail peut faire ce qu’un milliards d’arbres ne feraient pas. Avant de planter, il faut protéger pour que toute nouvelle plantation puisse être optimale, c’est à dire sans jeter l’argent par les fenêtres.

Malheureusement, j’ai vu beaucoup de programmes humanitaires consistant à replanter des arbres et le résultat est rarement concluant car ce ne sont pas des arbres qu’il faut planter, mais des jardins. L’homme a sa place dans la nature pour veiller au bon équilibre des jardins et il faut redéployer cette science, pour retrouver l’équilibre économique que les anciens avaient. L’essor industriel a bouleversé les forêts. Il faut recréer des produits et une économie de substitution. Seule l’économie peut sauver l’environnement, par la création de richesses.

J’ai participé à cette enquête d’Olivier Foriel pour dénoncer le désastre humanitaire post-tsunami. Olivier Foriel ne s’intéressait qu’à une organisation française particulière, mais l’ouvrage à permis de dénoncer d’autres scandales autour de la plantation d’arbres, des ONG sans expérience qui replantent n’importe où, des plaines en monoculture en pensant que cela suffit. Ce sont des millions de dollars qui ont été perdus en bêtise, l’inexpérience d’organisations qui sont écologiques par opportunisme. Il faut arrêter de penser que planter des arbres suffit. Il faut surtout arrêter de penser qu’une économie sur le bénévolat, sur les dons et sur les miracles peut suffire. Venant de France, j’ai souvent entendu les personnes se clamer “laïques”. Et pourtant, ils pratiquent cette politique du miracle, une politique de l’enfant gâté qui consiste à planter et attendre que les miracles se produisent tous seuls.

Combien de millions de dollars pour replanter un milliard d’arbres, par qui, où et comment. Qui les cultive, qui cultive les forêts. Sont-ce des forêts ou des plantations coloniales? Dans quel but les arbres seront-ils plantés, à qui appartiendront-ils, pour faire quoi, dans combien de temps? Tandis que Biden annonce un effet porte feuille, Macron fait sa tournée en Afrique. Il y a quelques mois, il annonçait un vaste projet de déforestation. Il n’y a qu’un point commun à tout cela pour lier Biden à Macron en passant par le Delaware. McKinsey fait ses petites affaires, une sournoise manipulation du public à l’approche des élections de mi-mandat. Le grand classique.

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La pénurie qui est organisée en France est une crise voulue, orchestrée, manipulée par des oligarques sans scrupules. Pendant mes semaines de silence, je me suis posée la question de savoir qui influence qui chez McKinsey. Est-ce vraiment les américains qui influencent la politique française ou les français se sont-ils mis dans l’idée qu’ils pouvaient faire de l’influence aux Etats-Unis. Si on s’emploie à regarder les “Global Managing Partners” de McKinsey, on voit la tectonique des plaques d’une France et d’une Amérique sous influence, car entendons-nous bien, le Delaware n’est pas l’Amérique pas plus que la Californie. Au travers ses “Global Managing Partners”, c’est London, San Francisco et Hong-Kong qui ont la main pour diriger un monde qu’ils voudraient pouvoir laisser sans tête, incapable de se relever. Les imbéciles iront planter des arbres car ceux-là ne posent pas de questions. Ils se feront plumer dans la joie et la bonne humeur jusqu’à ce que l’esclavage les pende au cou. Il sera trop tard pour eux. Pour les autres, il est encore temps de se réveiller et de faire en sorte que le bon sens remette la forêt au coeur des enjeux de demain. Sans politique forestière, je ne donne pas cher de l’Occident. D’autres s’amusent déjà d’un déclin apparemment irrémédiable. De toute cette affaire, je garderai en mémoire le sourire idiot de Marisol Touraine, toute une classe politique de charlatans. On arrive pas au chaos sans raison.

Pour finir, l’avis d’un menuisier sur le frêne. Un arbre n’est pas qu’un arbre. Un bois n’est pas qu’un bois. C’est tout un savoir faire pour le planter, le faire grandir, le récolter et le transformer, créer de la valeur à chaque étable de l’évolution, créer un savoir faire et le transmettre. Ne pas laisser les générations futures sans rien. Certes on peut créer des outils, mais de gâchons pas les chances de s’en servir en laissant la forêt mourir en champs d’arbres. Face à tout ce que l’on peut dire sur le réchauffement climatique, je suis fermement convaincue qu’il existe des solutions pour mieux protéger les forêts, à commencer par le militantisme de ne pas se satisfaire des politiques de charlatans.

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