Manipulation de chiffres chez Dalkia

L’entreprise DALKIA BIOMASSE TOURS, filiale de DALKIA France, a été créée le 1er juillet 2009. Le 14 janvier 2010, la Commission de régulation de l’énergie délibère et alloue 7 projets biomasse à DALKIA d’une puissance totale de 57.1 MW.

Sur le site de la Banque Européenne d’Investissement, on apprend que 5 sur les 7 projets ont fait l’objet d’un financement Européen à hauteur de 92.5 millions d’euros sur les 202 millions cumulés de l’ensemble des 5 projets soumis à la BEI. Sur ces 5 projets, ce sont 109.5 millions d’euros qui ont dû être financés par d’autres moyens, soit les aides de l’ADEME, soit le financement direct de DALKIA. Si j’évalue le ratio d’énerie concerné, le calcul est le suivant:

• 57.1 MW / 7 projets = 8.15714 MW/projet
• 8.15714 MW x 5 projets = 40.785714 MW
• 92.5 M€ / 40.785714 MW = 2.2679 M€ / MW

Le montant de financement au MW est de 2.2679 millions d’euros soit 2268€/KW, un montant très au dessus des montants évalués par l’ADEME et le Département de l’Energie Américain. Sur un total de 202 M€, la demande de financement de DALKIA est de 202 M€ / 57.1 MW = 3.53765 soit 3538/KW, plus du double du maximum généralement estimé.

Sur le site de Saint Pierre des Corps, la puissance initiale demandée par la Commission de régulation de l’énergie était de 7.5MW. Le projet est passé à 28 MW pour cumuler 7.5MW de turbine à vapeur associé d’une chaudière d’appoint d’une puissance de 21.5 MW (le total ne s’aditionne pas, mais ce sont les chiffres donnés par DALKIA. Le total devrait être de 29 MW = 7.5 + 21.5).

L’enquête d’utilité publique nous informe que le volume de bois annuel est de 87,000 tonnes de bois par an, soit 10,5 tonnes de bois par heure. La production d’eau chaude sanitaire fonctionne toute l’année, mais la production d’eau chaude de chauffage ne fonctionne que les mois d’hiver. La production d’électricité fonctionne toute l’année. C’est le circuit d’eau de la chaudière qui permet d’actionner la turbine.

Aucun rapport ne détaille véritablement le fonctionnement, notamment sur les quantités de bois liées à la production d’énergie, de chauffage sanitaire ou eau chaude énergie mais sur les photos de la centrale, on voit bien qu’il n’y a qu’un seul silo biomasse et une seule chaudière. La masse de bois est donc consumée par la chaudière de 21.5 MW qui transmet l’eau chaude vers la turbine au premier plan, laquelle délivre 7.5 MW d’énergie sous forme d’électricité. La quantité d’eau chaude délivrée par le circuit de refroidissement est constante, que ce soit l’hiver ou l’été. Seule la quantité consommée varie mais n’influence pas les volumes de bois consommés.

Les méthodes de financement sont liées au nombre de MW électriques produits, tandis que la ressource biomasse est calculée sur la puissance de la chaudière, laquelle répond à une fonction primaire, telle que l’eau chaude, ou la vapeur, qui est recyclée vers une fonction secondaire de production d’électricité. La production d’électricité est mise en avant dans le financement des projets alors que la réelle vocation des centrales n’est pas l’électricité. Il s’agit de centrales chargées de répondre à des besoins industriels qui étaient autrefois produits par le fuel ou le gaz. Les sources d’énergie primaires sont remplacées par de la biomasse de bois, mais pour répondre à des économies faites pour le compte d’entreprises privées. La production d’électricité n’est qu’un moyen d’accéder aux financements de l’ADEME, de l’Europe, des aides publiques locales, sous l’entête d’une entreprise qui n’est que le concessionnaire des projets. DALKIA est sous contrat de concessions. A l’inverse, lorsque la ressource de bois est mobilisée, c’est toute une filière qui en pâtie pour servir les intérêts d’entreprises privées.

Sur le site de Saint Pierre des Corps, c’est la SCBC qui avait déjà à charge de produire de l’eau chaude sanitaire et de chauffage. Cette entreprise est une filiale de DALKIA, laquelle est concessionnaire du site de Saint Pierre des Corps pour remplacer l’ancienne production de chauffage par la nouvelle centrale biomasse, laquelle, en plus du chauffage sanitaire et de chauffage, produit 7.5 MW d’électricité. Cette production d’électricité donne accès à la SCBC aux aides de l’état par le biais de DALKIA. C’est ensuite une filiale de DALKIA qui mobilise la ressource biomasse. Au total, ce sont trois entreprises qui bénéficient de ressources financières publiques pour accroître les gains de leurs entreprises.

Plus grave, les promesse faites au public ne sont pas tenues puisque les utilisateurs des réseaux de chauffage et d’eau chaude sanitaire de Tours ont vu leurs facture augmenter.

Sur le site de Descartes, c’est une papèterie qui bénéficie de la manœuvre financière. Le projet est porté par DALKIA qui réalise le montage financier, chiffrage, levée de fonds et maîtrise d’oeuvre du projet. La centrale est ensuite exploitée par DALKIA en partenariat avec les gestionnaires de réseaux électricité, vapeur, eau chaude, qui sont eux propriétaires de leurs réseaux, mais le site de la centrale biomasse, c’est celui de la papèterie.

A mesure des projets, on découvre la stratégie de DALKIA, son modèle économique dès qu’il s’agit de biomasse. DALKIA répond aux appels d’offres de l’état, réalise les montages financiers, réalise les transferts d’argent entre l’entreprise qui utilise la chaudière et l’industrie bois qui fourni la biomasse, mais DALKIA ne possède rien, ni biomasse, ni camions, ni bâtiments. DALKIA utilise les ressources sous forme de concessions limitées dans le temps, de manière à capturer toutes les ressources d’argent.

Outre les montages financiers, le coût des aides d’état, le coût des aides payées par les collectivités locales, le surcoût de la valeur du projet au KW, on peut interroger le bienfondé de DALKIA comme intermédiaire, celui de la BED, et surtout l’équilibre entre mega watt produits, pollutions et crédits carbones détournés de leur véritable fonction de lutte contre le réchauffement climatique. Le constat pollution est alarmant.

Est-ce que la production de 7.5 MW justifie de brûler 87000 tonnes de bois par an et surtout, est-ce que l’impact de cette consommation biomasse sur l’environnement ajouté aux pollution justifie que la biomasse soit considérée comme une énergie verte. Aujourd’hui, 60% de la production d’énergie renouvelable en Europe provient de la biomasse. DALKIA en a fait son commerce. Il n’est pas sûr que ce soit équitable.