Le deuxième tour par les cartes

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Depuis le deuxième tour des élections, les débats fusent sur internet et parmi ceux que je vois le plus, sont sans doute ceux des électeurs de Mélanchon. Je ne regarde pas Mediapart. J’ai ouvert un compte Médiapart la semaine dernière et je ne suis pas sûre de le garder. Je n’aime pas le ton autoritaire que ce média renvoie, un brin moraliste, se posant en gendarme de l’information. Ce n’est pas ce que j’attends d’un média indépendant. En revanche, je regarde tous les jours Blast et Le Media. Blast parce que le niveau des débats est relativement haut avec des personnes interviewées plutôt d’âge mûr. Le Media parce qu’au contraire, les journalistes sont plutôt jeunes avec des profils variés. J’ai vu plusieurs interviews d’Olivier Berruyer et me suis inscrite à sa chaîne. Je suis assez d’accord avec ses analyses.

Globalement, je ne cherche pas à savoir si les journalistes sont de droite ou de gauche, mais je sais que lorsqu’ils sont trop à droite comme sur TV Liberté, cela m’agace. Ce qui m’agace globalement c’est le mélange catho et politique ou tout autre religion avec le politique. Ce qui m’agace essentiellement c’est qu’ils font tous, absolument tous, du pied aux religieux pour défendre leur politique mais tous, une fois les élections passées, en reviennent à leur égo. Ce que je déteste plus que tout, ce sont ceux qui veulent prétendre s’intéresser à ce que l’on pense et qui en fait cherchent à imposer leurs vues. Je n’ai d’amitié pour aucun.

J’ai eu l’occasion de m’exprimer plusieurs fois à ce sujet, mon travail sur la géométrie influence considérablement ma foi parce que j’y ai trouvé l’équilibe, la symbolique et le sens de l’histoire. La croix, suivant la manière dont elle est portée, se rapproche de cette symbolique, mais je ne suis pas dans l’histoire de la bible, je ne m’y inscrit pas. Et je ne m’y inscrit pas parce que je ne me reconnais pas au travers les croyants, le message répétitif qu’ils veulent porter, la coercion qu’ils exercent pour cela, les tromperies, les abus, les vols pour y arriver. Le prosélytisme violent qui s’exerce à de nombreux niveaux de la société et dans la politique particulièrement. En cela, que ce soit Macron ou Le Pen, ils ont tous deux des manières différentes d’aborder le sujet, mais tous deux cherchent ou vont chercher à être coercifs et je ne peux que réprimer cela. Macron, derrière sa soit disant laïcité, n’est que la face cachée d’une même pièce.

Je ne crois pas aux religions mais je crois aux actes religieux, et c’est une sujet qui est devenu difficile dans la société d’aujourd’hui parce qu’à mon avis, ceux qui prônent la démocratie sont des joueurs d’echec. Ils prônent la démocratie quand ils gagnent et il prônent le totalitarisme quand ils perdent sans vouloir faire l’effort de voir qu’ils sont totalitaires également. Vu des Etats-Unis, la démocratie raisonne comme un lendemain de guerre civile. Il y a toujours un parfum de poudre quelque part, les démocrates se sentent toujours obligés de tuer quelqu’un et les autres de se défendre. Dans ce chaos, la religion ne ressemble plus qu’à une façon de légitimiser leurs actes et c’est précisément ce qui les rends illégitimes à mes yeux.

Globalement, lorsque des politiques s’acoquinent à de grandes puissances financières et notamment des banques, il n’y a aucun doute à mon esprit que ces gens là n’ont rien de religieux, ou bien ce qu’ils appellent “religion” n’est autre que “l’empire”, et l’empire fabrique des esclaves. L’empire, c’est le globalisme, son contraire est le nationalisme. Je me situe entre les deux puisque je suis contre l’isolement et le replis sur soi, mais je suis pour l’identité nationale.

En fait, je pense que le globalisme et le nationalisme sont les deux faces d’un même mal. Tant qu’un pays fonctionne avec ces deux extrêmes, il ne peut que sombrer parce qu’il suffit d’un état “d’équilibre” pour que le chaos profite à tous les camps politiques et je pense, précisément, que c’est ce qui se passe en France. Pour cela, je propose de regarder l’évolution des cartes depuis 2007.

Ce qui est intéressant, c’est le contexte qui a conduit à Macron, puisqu’en 2007, Nicolas Sarkozy se trouve face à Ségolène Royal, en 2012, Sarkozy est contre le père des enfants de Ségolène Royal, François Hollande, et 2017, c’est François Hollande qui se trouve contre Macron. J’ai repris toutes les cartes pour les simplifier et toujours montrer la bande rouge proche des côtes maritimes et la bande bleue plutôt dans les terres. On va voir avec l’évolution des cartes que la bande rouge symbolise le libéralisme à outrance et la bande bleue le nationalisme par défaut. Quand je dis par défaut, je veux dire que dans les terres, on trouve beaucoup plus de ruraux et notamment des gens dont la mission est plutôt de porter les couleurs de la France, terroirs, agriculture. La bande bleue nourrit la France et la bande rouge se nourrit sur elle puisque pour importer, il faut aussi avoir quelque chose à exporter. La première étape de l’exportation, c’est le tourisme, c’est à dire recevoir des touristes étrangers, les éduquer aux produits du terroir puis créer l’envie d’acheter des produits français. Le reste est une question d’échange où la bande rouge n’existe que parce que la bande bleue existe et où la bande bleue prospère parce que la bande rouge existe.

La grande différence entre ces deux bandes, c’est l’image qui est donnée de la France et au travers cette image, le potentiel succès de la France. Est-ce que la France peut briller au monde avec des fromages, des vins et des rillettes ou est-ce qu’elle brille mieux avec des parfums et des produits de luxe? Moi je pense que la France ne brille, quelque soit le pays, que parce qu’elle laisse à voir que ces produits sont des produits français et il ne suffit pas de produire en France pour être français, il faut aussi que la grande majorité des français aient eux-mêmes le sentiment de pouvoir en bénéficier, c’est à dire briller, même à petite échelle.

Une personne qui travaille, même modeste, doit pouvoir s’acheter un parfum de luxe à Noël, à la fête des mères, des pères ou des grand-mères. Idem avec les autres produits de luxe, puisqu’ils suivent la mode, les personnes plus modestes doivent pouvoir s’offrir des produits de marque hors saison. C’était jadis le cas et ce n’est plus le cas, même sur des produits de première consommation où les patisseries, le pain du boulanger, les pains spéciaux, les terrines, conserves et produits du terroir sont devenus inaccessibles. Combien de français aujourd’hui peuvent boire des vins de grands-crus? La France est devenue tellement inabordable aux français qu’elle s’exporte. La bande bleue devient laborieuse tandis que la bande rouge devient commerciale, mais ce pays qu’est la France ne fait plus que du commerce. La France ne sait même plus fabriquer de machines outils. La France n’est pas renommée pour ses machines outils. Les américains n’achètent pas de machines outils françaises, pas de voiture françaises, pas de technologies françaises. Ils n’achètent que du champagne, des parfums et autres produits de luxe que les français eux-mêmes ne peuvent plus se payer.

Le grand débat aujourd’hui n’est pas sur la réforme des retraites, les conditions d’obtention du chômage ou des aides sociales. Le grand débat aujourd’hui est de savoir quelle France on veut pour soi et pour les autres. Est-ce que l’on veut manger du McDo pendant que les américains s’achètent du Brie ou est-ce que l’on veut faire envie aux américains d’acheter le Brie deux fois plus cher que les français. Quand j’étais en Haute-Marne, je discutais avec une secrétaire de mairie et nous parlions de nos rondeurs passé un certain âge et elle me disait “il vaut mieux faire envie que pitié“. Hors aujourd’hui, c’est la bande rouge qui veut faire envie pendant que la bande bleue fait pitié. Je pense que la question de l’immigration, loin d’être accessoire, est un débat pour masquer les vrais problèmes et que dans un pays sain, cette question de l’immigration ne se pose pas. Hors, pour avoir un esprit sain, il faut que le corps de la France soit sain, et ce n’est pas le cas. Le corps est divisé, mais ces divisions de surcroit nourrissent le débat politique.

Une grande tradition de la force vive française reposait sur ses industries. La plupart des industries ont fermé pour passer entre des mains étrangères. Toutes les familles modestes se souviennent des drames autour d’eux, chez eux. Moi je me souviens un jour à Paris, voir une femme d’une quarantaine d’années à la sortie du métro avec des pancartes en carton pour dénoncer la fermeture de Thomson. C’était un choc. Ce choc, on le voit sur les cartes dans la fraction rouge / bleu, très nette, très marquée. Les zones rouges sont des bassins d’emploi développés. Les zones bleues sont des bassins d’emploi sous développé.

En 2007, la fracture des bassins d’emploi profite à Sarkozy parce que la force vive de la France demande des emplois.

En 2012, grosse déception, le rendez-vous de Sarkozy avec les français a fait des déçus, ce qui profite à François Hollande par zones élargies de bassins d’emploi. Hollande a surtout bénéficié de son passage en Corrèze pour se faire une image à la Jacou le Croquant. Il aura trainé ses galoches pendant cinq ans.

Pendant que François Hollande courait l’aventure sur son scooter, Macron, installé à Bercy, multipliait les rendez-vous d’affaire et à Bercy, cela fait bien longtemps que McKinsey y fait son marché. 2017, Macron perd quelques territoires, mais face à Marine Le Pen, le discours “extrême droite” fait le schlutz. 2017, à gauche sur la carte et le premier tour de 2022 à droite, Macron a progressé. Mais qu’on ne se trompe pas, il a progressé en parodiant toutes les images de toutes les droites réunies, y compris les plus totalitaires.

Ce totalitarisme, on le voit au travers les suicides d’enfants. C’est à dire que les conditions de travail de leurs parents, la baisse du pouvoir d’achat, le stress à tous les niveaux de la société, les doutes sur leur avenir, peut-être les conditions de travail scolaire et d’accompagnement para-scolaire ont conduit des enfants à vouloir mourir. Des enfants. La progression est vertigineuse à partir de 2017 lorsque Macron arrive au pouvoir.

«Le Journal américain de l’Académie de médecine (sic) a publié un article écrit par le pédopsychiatre de [l’hôpital] Robert Debré […] Par rapport à il y a dix ans, nous avons en novembre-décembre 2020, 299% d’augmentation des tentatives de suicides et des suicides chez les moins de 15 ans. […] On a donc des adolescents qui, depuis les restrictions sanitaires, le deuxième confinement, l’anxiété de leurs parents, les difficultés économiques et psychosociales… vont très mal, et ont des idées de mettre fin à leurs jours. [Leur nombre a] drastiquement augmenté.»

Source: Libération – Les suicides et tentatives de suicide des jeunes sont-ils en hausse de 300% depuis le Covid ?

Les taux de suicide sont plus fréquents dans le Nord de la France, et ils sont plus nombreux chez les femmes, peut-être, parce que mal accompagnées, beaucoup de mères seules se trouvent en difficulté pour faire vivre leurs familles. La fracture de la France, au lieu d’être Est / Ouest devient Nord /Sud, avec un glissement vers le Sud à mesure des années, dans des régions où le bassin d’emploi est pourtant florissant.

Quand on compare les fractures de la France à la carte sur le document suivant, on voit que Macron a surtout progressé dans les régions financées par le complexe militaro-industriel, et c’est là toute la politique de la France de Macron, produire des armes et les exporter. Avec la guerre en Ukraine, il a prévu de déforester massivement l’Afrique et de poursuivre la politique totalitaire de la France-Afrique. C’est cette France là qui règne depuis la deuxième guerre mondiale, indépendamment des partis.

Savoir si Le Pen est totalitaire comme Macron, même François Asselineau ne le pense pas. La seule chose que les électeurs savent pour sûre, c’est que Macron l’a été.

Pourtant, au soir des élections du 10 avril, Mélanchon répète par quatre fois qu’il ne votera pas Le Pen, laissant ses électeurs dans un sombre désarroi qui pour ma part ne me surprend pas. Je ne m’attendais pas à ce qu’il s’affiche si vite, un peu de réflexion aurait été utile, mais comme le souligne Idriss Aberkane, il faut distinguer l’homme candidat de l’homme chef d’état. Les deux sont des personnalités bien différentes.

Au lendemain des élections, Idriss Aberkane fait le portrait d’un Mélanchon qui aurait perdu le moment historique d’arrêter le désastre causé par Macron. Mélanchon n’en aura pas eu le courage.

Sur la télé du Sénat, la gauche appelle la droite à voter contre Le Pen. Le contre Le Pen va bon train, mais au milieu de doutes où même l’extrême droite fait moins peur à l’extrême gauche en comparaison à l’extrême centre.

Finalement, c’est peut-être le débat Damarnin – Benalla qui ramènera à ces deux France, celle des armes industrielles et celle des familles. Personnellement, je pense que moins d’impôt sur les jeunes peut relancer l’économie, construire des maisons, investir au moment où les couples se marient, font des enfants et commencent à mieux prévoir les jours devant eux. La retraite se prépare dès la sortie de l’école, être propriétaire, arriver à la retraite en ayant la sécurité du logement, gagner en maturité pour se faire des économies et être plus autonome de choisir le moment de partir à la retraite. La vraie retraite, c’est celle que l’on choisit, se mettre en retraite pour garder ses petits enfants, se mettre en retraite parce qu’on a des rentrées d’argent, se mettre en retraite parce qu’on le peut. Le vrai débat en fait, ce n’est pas la retraite, ce sont tous les moyens pour y arriver, stress au travail, stress des enfants, transports, proximité du travail, temps de pause des repas à midi, cantine, goûter, jeux, loisirs, vacances, tout ce qui peut rendre des enfants et des parents heureux.

Les choix de vie sont également importants, ville, campagne banlieue. Il y a la vie que l’on subit et la vie que l’on choisit. Dans tous les cas, l’état doit aider les entreprises à faire en sorte que leurs employés soient heureux, que leur qualité de vie se reflète dans leur travail et que le monde puisse envier quelque chose de remarquable qui donne une autorité à la France pour ce qu’elle sait faire de mieux. Dans un film de Michael Moore, il montre les cantines française, quelque chose d’impenssable aux USA. Pourtant, si les enfants étaient nourris à l’école, il y aurait peut-être moins de racket et de bullies.

En Finlande, la cantine est complètement gratuite. Les enfants peuvent quitter la classe pour se déstresser. Ils ont des salles de jeux dans l’école et même des salles de détente. La santé des enfants à l’école devrait être une priorité nationale pour permettre de détecter les malaises de l’enfant dans sa famille et plutôt que réprimer, il faudrait aussi apprendre à aider. Certains parents n’ont jamais eu autant de chance.

L’une des chances de la France est de savoir fabriquer de bons produits. Il n’est pas normal que les autres en profite et pas les français. Autrefois, les français étaient au moins égaux sur les produits alimentaires, la qualité des produits, leur origine, et les prix étaient abordables. Ce n’est plus le cas.

Si on reprend la carte des couleurs, la question est de savoir qu’elle France on veut. Une France bleue forte ou une France bleue faible. Une force rouge qui profite aux puissances étrangères ou une force rouge qui profite aux français. La santé pour arriver à 60 – 65 ans, dépend essentiellement de deux facteurs, le stress et la nourriture. La France rouge ne peut atteindre la retraite en bonne santé sans l’un et sans l’autre. Idem pour la France bleue. La santé, cela commence dès l’enfance.

Macron a fait des cadeaux aux entreprises avec l’argent des français, mais la France n’a jamais été autant endettée, asservie à la finance et qu’on ne se trompe pas, les banquiers ne sont pas des gentils. Ce n’est plus de l’ordre droite – gauche ou France bleue contre rouge. La logique des banques est de faire de l’argent à n’importe quel prix et ce que Macron a fait, c’est hypothéquer la France, ses terroirs, ses territoires, ses paysages, ses villes, ses campagnes, ses réseaux routiers. Il a tout mis dans la dette, même l’histoire, la culture, les différences, les débats. La France est devenue un petit agneau qu’il va finir de nourrir pour mieux le manger. La foi serait de ne pas être dupe.

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