L’affaire Juving-Brunet

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J’ai appris l’arrestation et l’emprisonnement du Capitaine Juving-Brunet en regardant Bistrot Liberté sur Youtube, et pour tout dire, j’étais à peine surprise. J’ai vu l’évolution de son discours public, la façon dont il a revêtu cet habit de “sauveur”, porté par toutes sortes de choses, lui, les autres, les évènements. Cela me rappelle une réflexion que je me suis faite en arrivant à Las Vegas. J’étais dans le casino Le Paris. Un croupier monumental trônait en bout de table, le ventre assis sur le tapis vert. Il était dramatique et les joueurs autour de lui n’étaient pas là pour s’amuser. Ils étaient là pour gagner, parier professionnellement. Je les regardais parier et parier encore jusqu’à ce que cela marche, persuadés que la perseverance paye toujours. Je me souviens de ce sentiment d’être prise dans ce jeu là, l’incubateur et puis l’obligation d’aller plus loin pour les brevets. Lorsque le jeu est lancé, on ne peut plus rien. Je pense qu’Alexandre Juving-Brunet a été pris au jeu. D’abord les gilets jaunes, les ronds points, les manifestations. La violence des forces de l’ordre et l’expérience d’y mettre de l’ordre. La violence du covid et ses amis qui ont perdu un enfant. Ils n’ont même pas pu lui dire au revoir à leur fils, assister à ses funérailles. La violence contre les personnes âgées. Puis le passe sanitaire, le totalitarisme sanitaire. La France a tellement changé en si peu de temps, qui aurait pu croire qu’il n’y avait pas de guerre. Puis l’Ukraine, le fatalisme des opposants politiques, cette dramaturgie en action pour attirer le public vers une forme de révolte. Le sentimentalisme français.

Depuis quelque temps, je me suis mise à la céramique et faute de place, d’argent, et de papiers de travail, j’ai décidé de travailler tout en petit. J’ai investit dans les nounours pour créer des maisons de poupées et j’ai acheté ce que l’on appelle des “investment toys”. J’ai maintenant une collection d’une vingtaine de Teddy Bear de la marque “Boyds” tous estampillés “mohair”. Boyds est une marque américaine et les nounours sont vendus comme des créations américaines, parfois même signés par des designers américains, mais tout est faux. Les Teddy Bears sont fabriqués en Chine et en fait de “mohair”, il s’agit d’un mélange de polyester et de coton. La boîte américaine a fini par couler et le petit village où “l’usine” était implantée n’a pas vraiment perdu quoi que ce soit, ni savoir faire, ni brevets, ni même vraiment le design. Tout n’était que copie, mais des copies qui se vendent cher parce qu’elles ont un médaillon “Boyds” et “Mohair”, le sceaux du souverainisme d’imposture.

Il y a des années de cela, je me souviens d’une réunion de famille et un amis ingénieur chez Renault me racontait comment Renault parvenait à vendre des voitures en Inde. L’entreprise se faisait payer en chemises de type “Jacadi” et pour estampiller les chemises de la marque française, il suffisait de poser les étiquettes de la marque en France. Les acheteurs pensaient acheter un produit français alors que la fabrication est à l’autre bout du monde. Cela ne se dit pas, mais ce sont des bassins industriels entiers qui ont été sacrifiés pour que Renault vende ses voitures, comme moi j’ai pu être sacrifiée pour que Dalkia vende son électricité estampillée “verte”.

Tellement de faux semblants qui ne se font jamais prendre et pourtant, ils font des morts. A l’assemblée nationale, la valeur des individus se troque comme d’autres troquent des billets de banque. Un suicide chez France Télécom, ça vaut dix minutes de parole à l’assemblée tandis qu’on ne parle jamais des suicidés de l’ONF. Alexandre Juving-Brunet est catalogué “d’extrême droite”, parce que parler de la France aujourd’hui est considéré comme extrême, mais pourquoi ne demande-t-on jamais où sont les alternatives. Quelles sont les possibilités des français aujourd’hui pour sauver leurs entreprises, leurs commerces, la qualité de vie, leurs produits, leur culture, leurs savoirs faire, leurs hôpitaux, leurs maisons de retraite, la sécurité pour leurs enfants et pour leurs anciens? Alors que les politiques ne sont jamais condamnés pour leurs erreurs, alors que des types comme Sarkozy se balade avec un simple bracelet, Juving-Brunet n’a pas le bénéfice de l’erreur de jugement, de moyen ou d’appréciation. Il n’a rien volé, mais on le condamne avant même de le juger comme s’il avait commis un crime pire que Sarkozy. Où sont-ils les millions que Sarkozy a volé aux français? Comment se fait-il qu’on ne parle jamais des faux monnayeurs de marques, de produits, que ce soit le lait, la moutarde, le blé, l’huile, la laine ou le chocolat. Que dire des faux monnayeurs d’électricité, ceux qui abattent les arbres pour dire qu’elle est verte? Que dire de la triche de Dalkia, de Pierre et Vacances, de Bouygues qui raffle tout ou des MOI de l’armement qui se subsidient sur Bercy. Que dire des paradis fiscaux que Macron connait bien. Que dire des évadés fiscaux sur l’art et le traffic de valeur de l’art. Que dire de ces fonctionnaires qui vont et viennent dans le privé, chez McKinsey par exemple. Que dire de cette aristocratie française de grands bourgeois qui se nourrissent de tous les faux qu’ils vendent et trafiquent au nez du public. Ceux-là anoblissent les juges qui ne tarissent pas de se prendre pour des messies. La preuve, ils font la messe car leur parole est devenue d’évangile.

L’économie fait des victimes et la vraie question que je me pose, c’est comment un capitaine de Gendarmerie, ancien employé de l’intelligence économique a pu se retrouver là, dans une prison, à Toulon, le centre de la marine française. Il a fait Saint Cyr, est sorti 13ème, comme De Gaulle disait-il, a voulu se rendre utile, mettre son savoir faire au service des français, sortir du marasme, arrêter de se plaindre, résister au fatalisme. Tellement que j’ai même cru un moment qu’il était en couverture pour les services secrets français, qu’il en faisait trop pour que ce soit vrai. Il a glissé vers une sorte de messianisme spirituel où je pense qu’il croyait vraiment pouvoir sauver les français, au moins ceux qui voulaient se sentir libres, d’ailleurs, les “résistants” le lui demandaient. Il suffit d’écouter les chaînes Youtube comme Bistrot Liberté, les Incorruptibles, Thinkerview, TV Liberté, le Media, Punch, l’Institut des Libertés, Sud Radio, Radio Courtoisie, etc… le fatalisme de tous pour se rendre compte que la France va mal. Comment ne pas croire que la France va mal quand tout ce qui se raconte dénonce une crise de plus en plus palpable. Sur quoi le complotisme individuel est-il fondé? En quoi l’avis des économistes, des chefs d’entreprise, des journalistes indépendants serait-il tellement d’extrême, ou de droite, ou complotiste quand la partie gauche du coeur de l’état ne fonctionne plus. Soit on écoute et on se contente de se plaindre, soit à un moment quelqu’un agit. Je pense que dans le flot d’émotions vécues par les Français ces cinq dernières années, le Capitaine Juving-Brunet a voulu agir en toute bonne foi, mais avec obstination et sans parfois écouter les gens autour de lui. Souvent il l’a dit dans ses vidéos, il préfèrerait rester chez lui, mais cela voudrait dire s’accoutumer à la violence d’état. C’est un militaire, pas du genre à parler pour ne rien faire. Il a cru bon passer à l’action sans vraiment mesurer que la monnaie est le véritable domaine du souverain et qu’en face, le “roi” Macron est un Européiste. Par ailleurs, il faut être vraiment naïf pour imprimer des billets de banque, ça et sans doute être poussé par le pragmatisme de pouvoir vivre de ses engagements. Il est allé droit au mur et j’imagine l’amusement du gouvernement français quand Macron tient une souris.

La Justice est là pour remettre les gens dans le droit chemin, mais quand l’état ne montre pas l’exemple avec des dettes qui font craindre le chaos, quand les politiques ne montrent pas l’exemple avec des campagnes présidentielles sur le denier des français, avec des “fleurons” qui n’ont de national que leurs pipelines directs des caisses de l’état à leurs petites affaires, leurs petites chasses privées, leurs petits châteaux, petits pavillons bourgeois, petits jets, petits clubs et autres petites crapuleries, jusqu’à leurs petites oeuvres d’art et leurs petits musées privés, faire de Juving-Brunet un exemple est sans doute la meilleure des campagnes pour parler des choses dont la France des nantis ne parle pas, cette Justice implacable dont l’état sait si bien se servir. J’espère que ce jugement servira de jurisprudence à casser un jeu politique sournois. Juving-Brunet voulait être le grain de sable dans l’engrenage de l’état français. Le grain de sable est dans le moteur semble-t-il. Alors que les faiseurs de catastrophe se taisent, la Justice est en marche. Qu’on ne sous estime pas la puissance d’une souris.

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