Le marché américain du bois

Quand j’ai quitté la France, je me suis dit tant pis, la France ne veut pas de moi, ciao et bonjour l’Amérique. La forêt tempérée aux USA est à peu près la même que celle de la France et je pensais que si la France avait été réfractaire à mes innovations, l’Amérique serait plus facile, intellectuellement plus ouverte à l’innovation. Hors, ce que j’ai trouvé, c’est une fénéantise intellectuelle qui va tout de suite à la facilité.

La première année, je me suis installée à Las Vegas et à peine arrivée, j’ai rencontré Berlyn Miller. Il m’a gentiment écoutée. Il a même payé $700 de sa poche pour que je puisse participer au salon international du bois à Las Vegas. Toute la crème des forestiers américains était là, trois jours de rencontres inoubliables mais au bilan, rien de nouveau, rien de vraiment différent de la France et c’est un scieur américain qui a résumé tout cela. “Cela me coûte moins cher d’importer des bois tropicaux que de produire mon propre bois“. Tout est là, l’évidence même, une filière en déficit, tuée par des importateurs peu scrupuleux qui pillent les pays pauvres pour transformer la forêt en soja.

J’ai continué d’écrire et tenter d’influencer jusqu’à ce que je m’essoufle de parler dans le vide. Ce sont les stats de visiteurs chinois sur mon site qui m’ont rappelées que j’avais été la victime de pratiques criminelles et qu’à ce stade, il valait mieux arrêter. Au final, les chinois ont gagné, 57% d’ERAMET, Edouard Philippe premier ministre, puis le covid-19. Elle a belle figure la France maintenant et tout cela, à cause de l’Afrique. Mes innovations dans la balance ne comptaient pas.

Les années ont passé et pendant environ deux ans, j’ai travaillé un peu le bois, l’histoire de prouver que je n’étais pas que patron, qu’inventeur, qu’une femme. J’ai même restauré un bateau de 65 pieds après que 7 entreprises différentes n’aient jamais pu réparer quoi que ce soit, puis là aussi, je me suis fatiguée. L’âge, l’arrogance des gens, le fric et puis la pauvreté. Je me suis vue sombrer dans mon déficit personnel comme un bois qui absorbe les coups. Je crois qu’au final, la seule chose qui me restait, c’est ma résistance, cette force intérieure qui fait qu’on se relève toujours.

Avec le temps, j’ai arrêté de me justifier pour montrer à quel point ils avaient eu tors. je n’ai jamais été en concurrence avec les chinois. Mes concurrents étaient ces entreprises de l’énergie bois qui achètent le bois au prix des copeaux et EDF, ses réseaux, son devenus à mes yeux les ennemis de la France. Moi je suis devenue une ennemie d’un état oligarque, deux forces qui s’opposent. Avec les gilets jaunes et maintenant les convois de la liberté, je retrouve le souffle de cette France qui jadis avait été mon pays, mais je continue de voir l’ombre très noire des oligarques. Ils sont en colère et je vois bien qu’ils veulent cogner.

Après sept ans de cette guerre infernale entre deux eaux, je sens bien que je suis à un tournant. Hors, je vois bien aussi que mon ennemi n’a pas de frontières et que la France n’est qu’un terrain de jeu. Pourtant, sept ans de guerre m’ont changée, j’ai fait ma ménopause et ça, dans l’esprit d’un homme, doit rester comme la marque d’un chapeau. Je ne suis pas soldat, mais j’ai l’esprit de conquête. Peu importe les batailles que l’on perd, c’est la guerre qu’il faut gagner et aujourd’hui je m’interroge sur les meilleurs moyens de gagner cette guerre. Je crois qu’avant tout, la façon de gagner est de mettre les oligarques à genoux. Je crois qu’il serait juste qu’ils s’excusent, qu’ils fassent leur mea culpa, qu’ils demandent pardon et surtout qu’ils réparent tout ce qu’ils ont détruit. Hors aujourd’hui ils se moquent et continuent de se moquer du peuple. Dans cette condition, je continue ma résistance. J’ai appris à marcher sur l’eau.

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