Le mouvement aoumm

Quelque chose me choque aux USA lorsque je regarde les meetings religieux en vidéo. C’est le moment “aoumm” lorsque la foule vocalise son soutien à la personne qui expose une idée. Dans l’église catholique au contraire, la règle est à la retenue, à la contenance de soi, à la maîtrise de soi et le silence est une approbation en soi au désir d’écouter. Le silence est religieux, c’est à dire que c’est un moment de concentration, d’attention et de méditation pour examiner sa conscience en fonction des thèmes développés durant le prêche. A l’inverse, tout ce qui est extérieur à l’église catholique devient convivial, social et loquace tel que les repas, les discussions dans un parc, la joie sur les marchés, les spectacles.

Aux USA, la vie individuelle est plus individualisée avec des repas coup de vent, une brutalité sociale dans les rapports humains, le bulling à outrance dès l’école, la ségrégation, l’ostracisation désinvolte, presque naturelle. La congrégation religieuse devient un cercle d’intérêt où les gens se réunissent pour “communier ensemble”, vocaliser ensemble, s’unir, voire réparer ce que la vie courante n’offre pas. Très étrangement, en écoutant le premier ministre Britannique, on entend derrière lui le parlement dans ce mouvement aoumm acquiescer à sa parole, et je me dis que c’est là toute la différence de culture, le sens du religieux, le sens du silence, le sens des lieux, leur architecture.

Le parlement anglais, comme certaines églises aux USA, deviennent une sorte de stade avec un locuteur sur l’estrade et son public. Similairement, certaines églises aux USA deviennent parlement. Ce que je veux dire par là, c’est qu’une congrégation appartient à quelqu’un, l’église appartient à quelqu’un, un pasteur, un groupe de personnes et les autres extérieurs au groupe, au club, en sont exclus. Pas exclus littéralement, ils peuvent se faire inviter, mais il est impossible de rentrer dans une église américaine sans se faire remarquer et sans que qui que ce soi ne demande qui on est et d’où on vient.

A l’inverse, une église catholique n’appartient pas au prêtre mais à l’Eglise et entrer dans une église catholique, c’est appartenir à un ensemble dont le prêtre est le serviteur. Cette notion de service, et surtout, savoir que le prêtre n’est pas au dessus de tout mais tout juste le maillon d’un ensemble change littéralement la perception à tel point que l’on peut rentrer dans une église catholique librement sans avoir à rendre de compte à qui que ce soit, croyant ou pas, pour se recueillir. L’église recueille la prière comme un moment où l’esprit s’ouvre à la recherche de quelque chose et le moment où l’on prit, c’est le moment où l’on commence à voir. L’église est la maison de Dieu en ce sens qu’on s’y connecte. On ne se connecte pas à un gourou.

Aux Etats-Unis, les problèmes raciaux sont un facteur de tension permanent. Il suffit de remplir un formulaire, quel qu’il soit pour y être confronté. Puis il y a la ville, l’échelle de la ville, les ghettos, les transports en commun, la place dans les transports. Je me souviens avoir pris le bus à Las Vegas, je m’étais assise dans le fond du bus, puis un groupe de noirs est entré. Ils sont venus dans le fond du bus et m’ont clairement fait sentir que ce n’étais pas ma place. Là j’ai réalisé que j’étais en Amérique, c’étais ma première confrontation avec les problèmes raciaux, puis il y a les cercles, les gens que l’on rencontre quand deux black discutent entre elles de l’éducation donnée à leurs enfants. Elles réprouvent le racisme mais éduquent leurs enfants dans le racisme anti blanc, et je vois en cela le phénomène de la culture woke, la confrontation.

Je regardais l’autre jour une vidéo tournée à Saint Denis où un journaliste amateur demande aux passants ce qu’ils pensent de Zemmour. La moitié des personnes interviewées sont camées, souvent en situation d’illégalité et pour les autres apparemment mieux intégrés, ils parlent de la police dans un rapport de force qui montre ce qu’est devenu la communauté magrébine. Elle n’est plus intégrée parce qu’elle ne respecte plus la police et dans un sens, cela peut se comprendre. Les magrébins vivent depuis des années ce que les français vivent avec le pass sanitaire. Il faut toujours se justifier pour combler les défaillance d’un système. Au lieu de réformer le système pour lutter contre l’immigration clandestine, en rétablissant des frontières par exemple, ce sont des “douanes volantes” qui sont chargées de pourrir le quotidien de ceux qui auraient pu chercher à s’intégrer, à tel point qu’il ne veulent plus de l’intégration et ont fait secession. Ils ont fait secession avec un système qui les oppresse.

Aux Etats-Unis, on voit comment les églises sont devenues des parlements locaux où les gens se rassemblent, prennent des décisions ou plutôt suivent les décisions imposées par un prédicateur et se renferment dans un système de caste qui ne tourne que sur lui-même et suivant des valeurs fort discutables et surtout fortement politisées. Tout le monde se souvient du film Sister Act où une prostituée transforme la messe en un club de danse. Tout le monde trouve normal que l’église catholique soit attaquée, dénaturée, changée, tandis que l’inverse ne serait pas possible. Dans la vidéo ci-dessus “White people attend black church”, on parle de l’album Lemonade par Beyoncé, la pop culture invitée dans le culte, comme un problème social qui ne trouve pas ses mots et qui s’invite dans la religion par transposition au travers la musique.

Pourtant, le problème est simple. La race noire se sent envahie par les idées des blancs, la coercion des blancs, l’autoritarisme des blancs, la brutalité sociale du système blanc parce noirs et blancs n’ont pas évolué au même rythme et n’ont pas la même histoire. L’histoire des noirs et faite d’esclavage, mais l’histoire des blancs n’est pas plus heureuse. Ce sont des terreurs, des Dark Ages, le Moyen-Age, les révolutions, les guerres, les conflits d’idées, les philosophies réprimées, les martyres et les souffrances vécues. Les blancs n’ont pas à subir la honte de leur histoire parce que l’esclavage a existé. Les blancs, eux-aussi ont connu l’esclavage, les slaves s’en souviennent. Les blancs aussi ont connu les déplacements forcés, la servitude et l’injustice et dans leur foi ils ont voulu réparer, se construire, s’unir pour ramener le sens de l’humain dans la cité. Au coeur des cités exactement, juste à côté des palais de justice.

Les noirs veulent imposer au monde une vision qui est la leur, mais cette vision c’est quoi? Quelle philosophie? Quel enseignement? Quelle civilisation? Quelles conquêtes technologique et quand je parle de conquête, qu’ont-ils inventé, fabriqué, construit? Et quand le monde blanc s’est ouvert à eux qu’en ont-ils fait, comment l’ont-ils perçu? Moi, je suis toujours choquée de la différence entre les noirs américains et les noirs africains que l’on voit en Europe. Ce ne sont pas les mêmes et je pense que la scène du parlement britannique explique bien pourquoi ce ne sont pas les mêmes. Aux USA, les noirs américains se referment sur eux-mêmes dans des congrégations improvisées autour de prédicateurs qui sont là pour le show. En Europe, ce genre d’église serait sans doute considéré comme une secte, c’est à dire la volonté de faire ségrégation à l’union des peuples et ce serait interdit. En Europe, les noirs vont dans la même église que les blancs, tout du moins l’église catholique accueille les noirs comme leurs frères et ne fait pas d’apartheid. L’église catholique a toujours été un moyen d’intégration.

Les britanniques se servent beaucoup des congrégations religieuses et du monde du spectacle pour rassembler leur “commonwealth”, les milliardaires select choisis comme au vestiaire, mais il y a toujours une volonté impérialiste de vouloir influer sur le politique, les décisions militaires, les invasions, le commerce extérieure des matières premières, le prosélytisme ou son inverse, la diabolisation. Les Etats-Unis se servent de l’Angleterre en ce sens qu’elle les aide à défendre une ambition hégémonique sur le monde, et c’est la religion qui leur sert à cela, mais pas n’importe quelle religion. Celle des noirs américains est “méthodiste” et cela sonne comme un aveux pour ne pas dire qu’il y a derrière des enjeux. Si les enjeux avaient été sociaux, ce sont les logements, l’emploi, l’éducation qui auraient fait école, mais les politiques ont préféré l’endoctrinement, c’est à dire la prophétisation des prêches plutôt que l’élévation spirituelle. Cela se traduit par une sorte de superstition collective où le langage est déplacé pour dire autre chose que le sens des mots. Cela frôle parfois l’hystérie, pour ne pas dire la bêtise, une sorte de primitivisme fabriqué pour conduire les foules dans l’idée qu’ils participent et servent à quelque chose. Comme d’autres défilent un 14 juillet, eux font la parade et c’est le carnaval societal pour laisser les politiques en paix. Pendant ce temps, ils conduisent leurs guerres.

Depuis l’ère Obama, on voit comment les noirs américains veulent changer la couleur de Jesus, faire de la Bible une histoire africaine. Les religions qui se sont développées en Europe ont mélangé plusieurs cultures depuis pratiquement l’origine de l’homme et les noirs aujourd’hui veulent savoir quelle est leur part dans cette histoire là. Hors, cette histoire là n’est pas écrite et ils pense que c’est leur tour comme l’Islam fait prosélytisme de l’idée qu’étant les derniers, ils ont raison. Les noirs veulent aussi avoir raison, mais une raison qui a deux continents, celui de l’Afrique et celui de l’Amérique. Les deux raisons ne se conjuguent pas sans lever beaucoup de questions parmi les noirs, eux-mêmes.

Personnellement, je pense que les religions du passé ont fait des erreurs mais qu’il n’y a pas d’évolution sans pardon parce que les hommes du passé étaient eux aussi primitifs. Les noirs, qu’ils soient africains ou américains ne peuvent pas revendiquer leur modernité sans accepter le fait que l’Europe ait aussi été primitive. Comme l’Islam a fait grandir le Christianisme, je pense que la négritude des peuples peut faire grandir le monde de demain, mais cela ne peut pas passer par un primitivisme soumis à des ambitions politiques primaires. Personnellement, je n’aime pas que l’Amérique politise les races comme elle le fait du sexe, de l’hypersexualisation des genres et la manière dont les gens se définissent. Les gens ici sont sexualisés avant d’être une personne et ils se définissent au travers leur genre au point de porter couleurs là où les couleurs font déjà problème.

Lorsque j’étais au lycée, on nous apprenait qu’il y avait deux sortes de couleurs, les couleurs lumière et les couleurs matière. En lumière, le noir est l’abscence de couleur tandis que le blanc est l’adjonction de toutes. En matière, le blanc est l’abscence de couleurs tandis que le noir est l’adjonction de toutes. L’architecture est faite des deux, des matières et des lumières et la photographie ajoute une autre notion qu’est le reflet, la manière de figer l’élément du voile lumineux. Pour moi, toutes ces couleurs, ces matières et ces lumières sont une démarche spirituelle, sans impérialisme, sans hégémonie, sans politique, sans marchés financier, sans commerce et s’il le faut sans argent. Je préfère rester pauvre mais intègre à mes idées que de m’enrichir sur la spoliation et le mensonge. A la question, Jésus est-il blanc? Je suis prête à porter ma croix. L’histoire est ce qu’on en fait.

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