Lettre à Monsieur M. le banquier

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Cher Monsieur le banquier,

Je vous écris cette lettre pour vous informer de ma très ferme opposition à votre plan retraite. Je pense qu’en votre qualité de banquier vous raisonnez comme un Borgne, c’est à dire d’un seul oeil qui plus est atteint de cécité. Permettez-moi de vous expliquer mon point de vue car il n’est pas courant qu’un banquier soit littéraire, il n’est pas courant non plus que les littéraires soient matheux. Hors il semble que vous accumuliez tous les handicaps.

La vision cour-termiste que vous avez de la France est à mon avis le résultat d’erreurs par lesquelles vous recherchez le gain et la facilité avant tout. C’est ce qui vous rend amer au goût des autres parce que vous ne pensez qu’aux gains, la facilité du gain, la rapidité du gain, l’immédiateté du gain, d’où votre goût à vous pour les marchés. Hors les marchés n’ont pas de frontière tandis que votre rôle à vous, celui pour lequel vous avez été élu, n’est pas sans frontière. Votre pouvoir n’est pas sans limites. Votre rôle de banquier a des limites pour habiller le rôle de l’élu. Il n’y a pas deux costumes possibles.

En tant que banquier, votre rôle est celui d’évaluer les opportunités, évaluer les risques et d’une certaine manière, vous cherchez constamment à orienter les marchés pour en diminuer les risques. Vous avez peut-être pensé qu’en qualité d’élu, vous seriez habillé de supers pouvoirs pour orienter encore mieux les marchés et notamment ceux de la France pour favoriser une vision productiviste de la nation, c’est à dire nourrir un système de castes, voire même rétablir une aristocratie.

En tant qu’élu vous faites face au peuple, mais avec cette vision royaliste du XVIIIème siècle qui imposa un dirigisme solaire, ne souffrant aucune ombre, aucun rival. Comme le roi autrefois, vous pensez pouvoir faire porter le masque de fer à cette élite qui ose pointer du doigt le changement dont vous vous faites l’héritier, cette aristocratie de cour. Pourtant, bien avant, l’aristocratie n’avait pas le loisir de toutes les frivolités de Versailles. L’aristocratie émanait de la richesse des territoires, mais face aux chateaux, les monastères, un contre pouvoir économique. Aujourd’hui, vous vous emparez même de cette figure de l’état qui est celui de l’homme de morale, l’homme du droit, l’homme jurant sur la Bible, sur la Constitution, sur les textes qui ont fondé la nation. Lesquels textes ne sont pas que des contrats, Monsieur. C’est aussi une histoire, une culture, une identité.

Vous vous êtes assis sur le trône Elyséen comme un Dieu, mais vous n’en êtes même pas la moitié et au-delà de la brutalité de votre vision du peuple, vous n’avez pas de légitimité. Le vol, le pillage, l’usurpation, l’imposture peuvent faire de vous un formidable pirate, mais finalement votre royaume est aux Caraïbes. Encore une fois, sans vision, même les pirates sont de mauvais capitaines, et quand bien même ils peuvent lever des armées, ce ne sont que des armées de pirates.

Je ne vous écris pas pour vous apporter ma vision, parce que je ne vous donne rien, je n’ai pas envie de vous faire de cadeaux. Je tiens juste à vous rappeler avec quelle foi je suis française. Dans deux jours, nous célèbrerons le 1024ème anniversaire de l’intronisation du pape Sylvestre II qui a bâti la cathédrale de Chartres. Son prédécesseur, Sylvestre I a notamment bâti l’ancienne basilique Saint Pierre à Rome. Ce sont ces personnages qui m’inspirent les règles de vie pour aujourd’hui et pour demain, bâtir un monde juste, capable de porter la société dans la paix et la confiance. Finalement, avoir la foi, qu’est-ce d’autre que la confiance?

En réalité, vous avez rompu le lien de confiance entre vous et beaucoup de français. Ils ne croient plus en vous et vous leur avez ôté la possibilité de croire en la France, ce phare des droits de l’homme, cette nation pionnière, innovante, bienveillante, cette mère des mondes. La mère des mondes n’est pas en Amérique Monsieur Macron, là où vous prenez vos enseignements, là où les chercheurs d’or posent leurs drapeaux, là où les territoires ne sont que des conquêtes, là où la vision de l’avenir n’est qu’un produit. La mère des mondes est en France, un tout petit pays qui a la dimension juste nécessaire aux idéaux pour mûrir.

Quand une certaine jeunesse péri de l’oisiveté des médias, se laissant abreuver par toutes sortes de chimères, vous avez en France une autre jeunesse courageuse qui étudie, qui veille, qui travaille dure, qui est agricole, qui a des idéaux, qui a des rêves aussi. La gastronomie française n’est-elle pas inscrite au Patrimoine Mondial de l’UNESCO et n’est ce pas cette gastronomie qui alimente le tourisme, qui fidélise les jeunes mariés pour revenir et rêver de la France? Ces jeunes là, paysans, gastronomes, touristes, amis de la terre, c’est le masque de fer que vous avez jeté sur eux, comme une conjuration de cette France que vous ne voulez pas souffrir de voir au travers votre propre miroir. Vous êtes si pédant, Julien Sorel en armure.

L’eau, ce sujet que vous avez accaparé, c’est la sève du peuple de France, son arbre, sa racine, la matrice qui fait les forêts, le courant des cathédrales, le lien avec l’univers. Vous pouvez vous prendre pour le soleil, vous n’en avez pas la cime, cette carrure qu’ont les arbres devant vous. Devant vous ils s’abattent où ils sont abattus. Vous ne laissez jamais de chance au peuple de grandir. Vous êtes devenu le prédateur de cet écosystème, vous en êtes l’Hubert, vous en êtes l’hubris acharné. Le sang que vous avez sur les mains ne sent pas le sapin. Il sent le feu, l’orgueil et la déraison. Vous avez consumé tant de valeurs que la république n’a plus qu’un vieux parfum de monarchie.

Pourtant Monsieur le Banquier, je veux croire qu’à défaut de morale, de bon sens et de raison, il vous reste cet instinct là qu’ont les chasseurs en fin de chasse, celui de remettre cela. Votre furie a déjà fait fuir tout ce qui pouvait courir, la prochaine chasse sera plus longue, plus épuisante, plus fatale. La profondeur des forêts sera plus immédiate qu’un long flot de paroles, l’étranger sera peut-être vous. Vous sur le trône, pour meugler la puanteur des entrailles que vous avez nourries de vous-mêmes. Vous vous guillotinerez tout seul avec votre papier toilette, une main sur la couture, l’autre sur la tête pour sentir l’objet de vos tourments, cette pensée unique et brûlante du pouvoir. En chier, mais la tête haute pour accoucher le tyrant que vous aviez en sommeil. Les élections n’auront été qu’une longue digestion.

J’attends, je souhaite, je désire cette prochaine chasse qui vous caractérise dans votre politique, qu’on puisse annoncer au peuple qu’ils ont un roi, mais qu’à peine monté à cheval, il en est redescendu parce que son habit de banquier n’était pas étanche. La mandorle Monsieur le banquier, c’est au cul que vous l’avez et il n’en sortira pas de miracle. Dieu c’est vous Monsieur le banquier, vous vous êtes oublié. Faire tâche aura été votre marque de fabrique. Vive la France! Cette royauté là aura eu vent de vous.

Sans vous Monsieur le banquier, la France reprendra espoir et puis bientôt, elle retrouvera la confiance. La confiance, Monsieur le banquier, celle de voir la foi vaincre toutes les menaces, c’est à dire vous, votre vision de la société, votre vision du peuple, votre vision de la France. La France n’est pas un portefeuille d’actions. La France est un pays, comme un territoire a des paysans.

Un jour, je vous le dis, les forêts redonneront au peuple sa noblesse, la seule vraie noblesse de la France, la seule légitime, la seule intègre, la seule liberté. L’amour d’une patrie prospère et bienveillante, la seule armoirie, le seul fleuron, le seul poumon. Le pouls d’une nation, c’est sa liberté financière et je vous le dis, Monsieur le banquier, nous allons nous libérer de vous, de votre chienlit. Nous allons redevenir un peuple souverain et je vous le dis comme une mère prend à bras le corps sa famille, comme une Marianne, comme une semeuse, comme un Delacroix. J’ai fait oeuvre de toutes mes prières, il est temps de les réaliser.

Vive la France, vive la patrie!

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