On l’appelait Casse Noisettes

Quand les petites filles jouent avec les garçons, on les appelle souvent Casse Noisettes parce qu’elles veulent faire des choses comme grimper aux arbres, assembler un panneau Ă©lectronique ou rĂ©parer un vĂ©lo, et que les garçons considĂšrent ĂȘtre leur domaine Ă  eux. Combien de fois ai-je entendu enfant “tu es trop petite”, “c’est pas pour les filles”, “retourne jouer avec tes poupĂ©es”, mais j’Ă©tais seule avec mes poupĂ©es tandis qu’eux Ă©taient en bande. J’ai persĂ©vĂ©rĂ© seule Ă  faire ce que je voulais faire et puis un jour, je suis devenue architecte.

Devenir architecte fut un long chemin. De Casse Noisette, je suis passĂ©e Ă  casse burnes puis enfin casse couilles. Le language a Ă©voluĂ©, la tendresse aussi. Je me suis endurcie Ă  prendre les coups au moral, Ă  l’idĂ©e que je n’Ă©tais peut-ĂȘtre pas comme eux. J’Ă©tais devenue une femme, portant tailleur et talons, mais jamais je n’aurais abandonnĂ© ma salopette, celle qui m’a permise de survivre aux hommes si longtemps. L’enfance est parfois faite de brutalitĂ©s contre lesquelles j’ai portĂ© costumes. Ado, j’Ă©tais gothique. Je le suis devenue aprĂšs un sĂ©jour Ă  Londres aprĂšs que j’ai trouvĂ© une jupe victorienne et une broche Covent Garden. Je me suis habillĂ©e comme un personnage de BD pour devenir inatteignable.

Au lycĂ©e, nous n’avions que 5 garçons dans la classe de F12, mais les pires, sans doute, du lycĂ©e. Leur truc Ă©tait de faire rougir les filles en se masturbant sous le bureau pendant les cours. Ils Ă©taient arrogants et provocateurs. Pour qu’on me laisse tranquille, je leur avais offert un livre du marquis de Sade. Ils avaient Ă©tĂ© surpris que moi, la fille qu’ils appelaient Jacqueline parce je jouais du piano avec une organiste de la cathĂ©drale de Tours, moi, cette fille lĂ  en gothique, j’avais osĂ©. Et je m’Ă©tais bien amusĂ©e, parce que Casse Noisette est le meilleur moyen de se dĂ©barrasser de la bĂȘtise des hommes.

L’idĂ©e qu’il faille porter costume comme trois jupes superposĂ©es, une salopette de 30 jours, non lavĂ©e, non dĂ©tachĂ©e, est parfois le seul rempart des femmes contre le fĂ©minicide et il prend diffĂ©rentes formes le fĂ©minicide aujourd’hui, parce que la sociĂ©tĂ© ne fait plus coercion sur les hommes et qu’ils sont devenus brutaux. Ils montrent leurs muscles, ils montrent leurs poils, ils montrent leur gras, ils portent la voix haute, ils voudraient ĂȘtre viking, raiders ou pirates tandis que les filles, elles, se prĂ©servent en l’attente du chevalier, l’homme courtois, l’homme poĂšte, l’homme calme, droit et honnĂȘte. Quelqu’un de bien quoi, qui ne les brutalisera pas, qui ne les violera pas, qui ne fera pas d’elles une statistique parmi les femmes battues ou tuĂ©es par leur conjoint. Qui ne les exposera pas Ă  des rĂšgles sociales qu’elles ne veulent pas, des cercles, des violences morales.

J’ai eu la chance de rencontrer des hommes bien dans ma vie. J’ai connu des monstres, des abrutis, des connards, des fugitifs du bon sens, de la biensĂ©ance, de la paix, mais j’ai connu aussi des hommes biens. Peu, mais des hommes qui m’ont construite, avec qui j’ai appris, avec qui j’ai grandi, avec qui Casse Noisette a amĂ©liorĂ© sa technique pour casser les noyaux. Les hommes en fait, sont beaucoup plus fragiles que les femmes quand on sait comment les castrer. Un coup, et ils ne sont plus des hommes. Il n’y a pas trois coups comme au théùtre.

Je pensais Ă  cela, parce que le Prince Charles de Galles est Ă  peu prĂšs aussi court sur pattes qu’une langue de morue, ces chiens bas Ă  poils court qu’on prend pour des saucisses. Ca aboie comme si ça avait avalĂ© de la vaseline et ça jape comme un chien de troupe que les gĂ©nĂ©raux anglais se mettent dans le caleçon pour paraĂźtre plus gros qu’ils ne sont en fait. Un caleçon qui pĂšte, c’est que le chien est Ă  la niche en train de ronger son nonos. Quand le petit Charles rencontre le grand Charles, de quoi parlent-ils? Je vous le donne dans le mille, du petit chien qui remue la queue.

J’ai appris aux cours de dressage canin que pour arrĂȘter un chien enragĂ©, il fallait lui mettre le doigt dans le cul. Ca lui fait mal, ça le surprend, et pendant ce temps, on peut lui remettre le doigt sous le nez l’histoire de le finir avec sa propre merde. De nos jours, Ă  dĂ©faut de coercions sociales, les femmes sont obligĂ©es d’apprendre des techniques de ninja, plus radicales, mais l’habit ne fait pas le moine. Ce qu’elles protĂšgent, c’est ce que la sexualitĂ© des hommes cherche Ă  leur enlever par la force. Ce qu’ils cherchent Ă  enlever, c’est le droit, le niveau social des femmes, les mettre dans la caste des pĂ©nĂ©trĂ©s tandis qu’eux sont des pĂ©nĂ©trants et aux USA, on voit comment la violence sociale agit pour toujours mettre les femmes dans une classe, celle des genres oĂč les personnes se dĂ©finissent par leur sexualitĂ©. Les formulaires administratifs, les clubs, les bars, les restaurants, les gens se regroupent en fonction de leur sexualitĂ© comme si, boire, manger, avoir des activitĂ©s de loisir avait un tout autre sens. Celui du sexe, omniprĂ©sent dans les mĂ©dias, ĂȘtre un enculĂ©, ou ne pas ĂȘtre.

Moi je viens d’un pays oĂč des gens vivent encore dans des cavernes et je n’ai pas le sentiment que les modernes, ce soit les amĂ©ricains. Je pense que les USA sont Ă  un moment charniĂšre de leur histoire. Ils n’ont pas encore atteint le point de dĂ©clin, mais la chute sera vertigineuse et un pays en chute libre comme ça est un pays dangereux. Autant je trouve que l’AmĂ©rique du Sud montre beaucoup d’aspects positifs, une crĂ©ativitĂ©, une inventivitĂ©, une sociabilitĂ© intĂ©ressante, avec une rĂ©silience incroyable, autant les Etats-Unis sont devenus nuisibles et incohĂ©rents, tant par les idĂ©es, que la politique, la corruption, les violences militaires, les mensonges, les abus. Le manque de cohĂ©rence est sans doute ce qui les perdra. Quand un peuple fini par perdre le sens de l’humain, c’est qu’il n’existe dĂ©jĂ  plus. Hors, c’est ce que je vois aujourd’hui aux USA. La maniĂšre dont ils veulent entraĂźner le monde au moins depuis la chute du mur de Berlin et la sexualitĂ© est devenue une arme parce qu’elle touche Ă  l’intimitĂ© de la vie des gens, pas seulement leur famille, mais aussi leur ĂȘtre, leur identitĂ©, leur crĂ©ativitĂ©, leur intellect, leur facultĂ© d’ĂȘtre libres. La sexualitĂ© est utilisĂ©e comme une drogue pour endormir les foules au son des radios. LĂ  oĂč les Ă©glises, les cathĂ©drales, les lieux de culte avaient jadis un rĂŽle rĂ©gulateur, apaisant, calmant et rĂ©ducteur de tensions, la modernitĂ© que les USA dĂ©livrent au monde est devenue un excitant, mĂȘlant la finance au sexe, les marchĂ©s boursiers Ă  la luxure, et la politique Ă  une dĂ©rive oĂč l’homme casse les noisettes des petits garçons.

Je pense que le juge a bien fait de me casser les pieds pour reporter mon entretien Ă  l’entre-deux tour des prĂ©sidentielles en France. La rĂ©publique de Macron marche beaucoup moins bien. On en est revenu au temps des vieilles pĂ©dales, le klaxon qui sonne brixon comme Alstom sonne la faillite d’un systĂšme corrompu portĂ© par la gauche française. Je l’attends au salon de l’agriculture. Il y aura forcĂ©ment de la rillette avec son petit dĂ©jeuner, pain aux noix, beurre au noix et confiture aux noyaux. Un beau programme n’est-ce pas?

Vive la France libre!

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