Mon jardin pousse

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L’été approche, les arbres poussent et mon jardin accapare mon temps. J’ai compté, j’ai plus d’une centaine d’arbres et mon jardin, c’est grâce à eux. J’ai commencé mon jardin en essayant de sauver une papaye coincée le long de la clôture. Je l’ai transportée, elle a eu l’air de mourir puis au printemps de l’année dernière, la vie est revenue. C’est ensuite un figuier, tout sec en train de mourir le long de la même clôture. Je l’ai rempoté, la vie a repris et j’ai mangé une cinquantaine de figues l’année dernière. J’en attends autant pour cette année. Et puis il y a les graines plantées par le vent et les oiseaux au milieu des fleurs, sur une pelouse plastique ou le long de la même clôture. Je les ai déplantés et replantés un à un. C’est maintenant une petite forêt avec sa petite faune sauvage, des araignées, des mantes religieuses, des grillons, des paillons, des chenilles, des sauterelles, des lézards et des petites grenouilles. J’ai même des daphnés dans le petit abreuvoir d’eau pour les oiseaux, tourterelles et colibris.

Mon chat s’occupe du jardin autant que moi et lorsque les voisins me félicitent de ma végétation, je leur réponds que je viens de Touraine. Le jardinage, c’est dans mes gènes, j’ai commencé à jardiner à trois ans. Si je pouvais, j’aurais un plus grand jardin pour être 100% autonome. Malheureusement à Los Angeles, vu les conditions qu’on me fait vivre depuis sept ans, c’est carrément impossible. Et puis, je n’ai plus envie de me projeter dans le futur à Hollywood, je ne m’y plait pas. Je fais mon jardin, au jour le jour et c’est bien assez. J’attends que les élections soient passées pour décider de la suite.

En attendant, je me suis achetée un petit four de potier pour faire de la poterie, en plus des autres activités artistiques et je compte me lancer professionnellement, c’est à dire que j’ai l’intension de ne faire plus que ça, dessin, peinture, poterie. Ca ne durera certainement qu’un temps, le temps de me rendre compte que je n’étais certainement pas faite pour cela, ou que c’est plus dure que prévu, ou que je n’ai pas les réseaux, ou plutôt que certains réseaux préfèrent les artistes morts, mais je vais faire ce que le dégoût de tout cela m’inspire. Ce que les gens m’inspirent, ce que les politiques m’inspirent, ce que la ville de Los Angeles m’inspire.

Je suis chargée de haine et de révolte. Je ne le dis pas, je ne le montre pas, mais c’est là qui sommeille et je n’ai pas envie de faire de l’art pour évacuer tout cela. Je n’ai même pas envie de faire d’humour pour évacuer tout cela. Je fais mon jardin, je vais faire ma poterie et mettre une grosse pancarte “ne pas déranger” devant ma porte. Le reste, les sourires, le bavardage, c’est du spectacle. J’ai créé le site Blue Lady Garden, parce qu’après le rouge de la colère vient le bleu quand on arrête de respirer. Pour me motiver à faire de belles choses, j’ai décidé d’écrire des lettres, deux types de lettres.

L’autre jour, en lisant le journal, il y avait un article parlant d’une lettre d’amour d’Alain Delon à Romy et la nuit suivante j’ai rêvé de deux lettres et demie pour lesquelles je demandais à mon ami de me les lires. C’est lui qui les avait écrites et j’entendais sa voix. Au matin, j’étais de bonne humeur et pour rester dans cette bonne humeur, j’ai décidé d’écrire des lettres. Il y aura donc une série de lettres d’amour et une série de lettres pour les gens qui sont morts, ceux que je n’ai pas envie d’oublier. J’avais pensé poster les lettres sur le site de Blue Lady Garden, mais cela m’aurais obligé de les écrire en anglais et en fait je n’ai pas envie. Comme je n’ai plus grand chose à dire sur la politique française, à moins de me répéter, je vais poursuivre ce blog avec mes lettres. J’ai commencé à écrire des lettres comme marraine de guerre en 1991, je vais continuer comme exilée de guerre et cela sera une façon de signifier mon mécontentement. J’avais également commencé mon livre sur la géométrie par une lettre. Aujourd’hui, c’est de la poterie que je veux faire en parlant du bonheur. Puisque le bonheur n’existe pas dans ma vie, je vais l’inventer.

Vermeer s’enfermait dans une cave pour dessiner le ciel. Moi je vis dans une cage qui n’a pas de barreaux mais sur laquelle il y aurait beaucoup à dire. J’ai envie de parler de mes émotions, ma colère, mes souvenirs. Je veux dénoncer l’injustice autrement, tout ce dont mon histoire m’a privée, l’arrogance, la cupidité, la jalousie de ceux qui ont fait cela. Leur narcissisme, leurs caprices, leur orgueil. Il me semble important de parler des gens que j’aime ou que j’ai aimé, mais aussi de ceux et celles que je n’aime pas. Je ne veux pas mourir en laissant croire que je suis consentante à l’exil. C’est une injustice qui a des causes, des conséquences contre lesquelles je ne cesserai jamais de combattre.

Il me reste quelques travaux de peinture et de carrelage avant de lancer ma chaîne Youtube, mais ça avance. En fait, c’est la bonne excuse pour que ça avance, des projets que je repoussais sans cesse… trop occupée à blogguer. Il faut que je finisse tout avant les grosses chaleur de l’été, c’est à dire repeindre également mon toit. En bref, pas d’impatience, et pas de surprise non plus si le ton du blog change. C’est pas Madame Irma qui vous parle, mais c’est Eima. A bientôt.

Post-scriptum: j’ai besoin d’acheter un téléphone 4K pour me lancer sur Youtube, mon vieil iPhone 5 est mort de la chaleur, l’écran craqué se décolle, la batterie ne tient plus rien et il n’y a pas de mémoire. Si vous souhaitez me soutenir par un don, c’est par ici sur Blue Lady Garden.

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