Bunker cities

En 1995, lorsque je revenais d’Indonésie, je devais embarquer ma maquette à bord de la Frégate La Fayette. Elle faisait escale à Kuala Lumpur. J’avais pu négocier avec la Malaysian Airlines de la transporter gratuitement depuis Medan et là, j’avais un ami qui travaillais pour une mission française. Il m’a hébergée le temps que je puisse embarquer la maquette et il vivait dans une bunker city. Je n’avais jamais vu cela jusqu’à ce que cela devienne le nouveau mode urbain.

Lorsque j’étais étudiante, je travaillais chez Euro Disney pour payer mes livres et mon école. Un jour, deux ingénieurs sont arrivés de Floride et nous avons sympathisés. Je leur expliquais que le vrai chateau de la belle au bois dormant était en fait en France et ils ont demandé que je les y emmène. C’était en août, au moment de la fête médiévale de Chinon, et je les avais emmené déguster du fromage de chèvre frais sur des fouasses toastées et du bon vin de Touraine. Au retour, nous sommes allés dans une boîte de Disney. Là ils m’ont dit “tu n’as vraiment rien à faire ici“. Le bruit, les lumières, les fumées, le chaos, les gens qui crient, je n’avais vraiment rien à y faire.

A Las Vegas j’ai habité dans un Bunker City. J’avais un appartement de deux chambres, deux salles de bain, une grande baignoire, trop grande en fait. J’avais aussi une grande cuisine, salle à manger, salon, terrasse et juste en face dans la cour, la piscine, la salle de gym et la salle des fêtes communes. Partout autour de la piscine, des barbecues pour les repas de famille et partout dans la cité, des jardins. C’était comme un mini village d’habitation dont les boutiques étaient à l’extérieur. D’un côté, il y avait le magasin alimentaire, de l’autre côté, les loisirs. Je pouvais y aller à pieds. Il y avait aussi des immeubles de bureau, des boutiques Fedex pour l’expédition, les copies et toutes sortes de travaux d’impression. Dans un périmètre de 500 mètres, j’avais des restaurants, un sauna, coiffeur, vernis à ongle, informatique, garagiste, boutique de vêtements, grand magasin de hobbies, enfin à peu près tout. A moins de 15 minutes, j’avais un parc public qui séparait les bunker city entre elles. A moins de vingt minutes, j’avais un parc privé avec musées, salles d’expo et il fallait environ une demi-heure pour aller dans le centre de Las Vegas sans bouchon, et cette ville est assez exceptionnelle pour cela, il n’y en a presque jamais.

Aux USA, tous les éviers sont équipés de broyeurs et ma grande idée aurait été de collecter l’eau de ces broyeur à l’intérieur des bunker cities de Las Vegas et de convertir la boue en méthane pour produire le chauffage collectif. L’avantage des bunker cities est de pouvoir collectiviser de nombreux services qui seraient impossibles ou trop chers individuellement. Par ailleurs, le titre de propriété sur une large parcelle et la mutualisation des services permet des audaces que beaucoup d’autres projets n’ont pas. Moi, mon audace, c’est de croire au méthane. J’ai acheté un Tecodrive 7000 pour ça et si cela n’avais pas été le premier prototype de véhicule CNG certifié au monde, je n’aurais jamais vécu dans un bus. Pour moi, Tecogen, c’est l’avenir.

Malheureusement en Californie, ils veulent supprimer le gaz, un peu comme la France d’ailleurs, ce qui fait qu’au lieu de brûler, le gaz part dans l’athmosphère et pollue. C’est un contresens, mais politique et la politique ici, c’est un commerce, un peu comme la France avec la BITD. L’armée a tué toute intelligence, comme ça, c’est plus simple. Plus d’industrie, plus de problème. Ou comme diraient certains, pas de couille, pas d’embrouille.

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