Alstom, c’est l’Amérique?

Click on the globe to translate this post
Getting your Trinity Audio player ready...

Depuis octobre 2021, je regarde beaucoup la chaîne Thinkerview. Si je n’ai pas vu toutes leurs vidéos, j’en ai vu malgré tout un grand nombre, et c’est ainsi que j’ai découvert l’affaire Alstom. En fait, c’est à peu près à la même époque que j’ai découverts toutes les affaires récentes de la France dans ce murmure des médias qui ne se retiennent plus de lâcher les noms. Du moins, c’est ce qu’ils voudraient faire croire. Comme à l’habitude, la France parle beaucoup “des américains”.

Pourtant, dès le début, je trouvais qu’il y avait quelque chose qui ne collait pas dans les affaires, la trop grande proximité de certaines personnes, les petites affaires des autres. En tant que personne du peuple, on voit bien qu’il y a quelque chose d’anormal et qu’il est difficile de comprendre ce qui se passe. Pourtant, j’ai le sentiment d’y voir de plus en plus clair et en fait, tout apparaît comme un puzzle dont les pièces s’imbriquent. La pièce manquante, c’était les Dupont d’Amérique, ceux du Delaware.

En faisant une petite recherche rapide sur Geneastar, on se rend compte que Pierre Samuel Dupont de Nemours est apparenté à Jérôme Pécresse par l’intermédiaire de six personnalités communes, certes éloignées, mais dans un contexte social aristocratique et bourgeois qui est fait pour les rapprocher. Par ailleurs, on apprend que Jérôme Pécresse a fait l’école des Ponts et Chaussées d’où il est diplômé en 1986. François-Daniel Migeon est diplômé de la même école en 1988, c’est à dire que les deux années qui les séparent au niveau d’étude pouvaient malgré tout créer des rapprochements au niveau de l’école, suffisamment pour accélérer un parcours professionnel.

Lorsque General Electrics a racheté Alstom en 2014, Jérôme Pécresse est le seul à avoir conservé son poste de CEO au sein de la branche énergies renouvelables de General Electrics. Au moment du rachat d’Alstom, Dow Dupont possédait une large partie de General Electrics. Les liens personnels/entreprise ont certainement facilité le rachat d’Alstom, mais dans quel but alors que deux ans seulement avant le rachat d’Alstom, François-Daniel Migeon reformait l’état à la demande de Nicolas Sarkozy. Là aussi, on retrouve des liens de parenté entre Nicolas Sarkozy, Pierre Samuel Dupont de Nemours et Jérôme Pécresse. Seule la chronologie des évènements hostiles à la France situe une origine française, plutôt qu’américaine.

En fait, cela soulève un grand nombre de questions sur l’influence de la France aux Etats-Unis. Sky, journaliste sur Thinkerview s’étonne constamment que la France n’ait pas aidé Julian Assange, mais peut-être la France n’avait-elle aucun intérêt alors que McKinsey, une entreprise du Delaware, donc probablement sous influence des Dupont, avait elle-même remodelé tous les systèmes informatiques du FBI, de la CIA et créé de nombreux scandales dans les milieux pharmaceutiques en entrainant la mort de nombreux américains. Il est difficile de penser que McKinsey ne soit pas un nids où pullulent les espions.

La French Connection était une affaire de gens “biens sous tous rapports”, mais en apparence uniquement alors qu’ils se livraient au crime, au traffic de drogue, de prostituées, d’armes, d’influence et d’affaire sombres à l’internationale. Si l’argent et le pouvoir était une drogue, l’affaire Alstom pourrait bien être la face visible d’un très gros iceberg mêlant une certaine élite française envieuse de retrouver son ancienne aura. La monarchie française semble vouloir se refaire et il semble qu’elle ait décidé de se refaire en enlevant aux français tout ce qui fonde la souveraineté du peuple, son indépendance énergétique, donc industrielle.

Dans un article de Médiapart, “Réforme de l’Etat: préparé en catimini, l’acte II doit attaquer «l’os»” le contexte de toutes les réformes engagées par François-Daniel Migeon sous l’ère Sarkozy est donné. Il s’agit d’un véritable coup d’état.

Au 64, allée de Bercy où siège la direction générale de la modernisation de l’État (DGME), on cultive la discrétion. Dans cette direction – centrale depuis le lancement de la RGPP –, 140 personnes, la moitié d’entre elles issues de cabinets de conseils privés, œuvrent à « recentrer l’État sur son cœur de métier », comme l’indique dans cette inimitable langue managériale la brochure de présentation. Depuis quelques mois, une partie des équipes de la DGME où la moyenne d’âge avoisine la trentaine, s’attelle, dans le plus grand secret, à « repenser les missions de l’État », et explore toutes les pistes pour réduire son périmètre.

Parti sur des bases très radicales, ce projet propose, selon les informations que nous avons pu obtenir malgré le secret absolu requis en interne autour de ce travail, une cure d’amaigrissement drastique pour l’État, sur la base d’un constat préalable : poursuivre ou étendre la RGPP telle qu’on la connaît ne sera pas suffisant car ses principaux leviers s’épuisent. Les réformes de structure ont été faites (création de Pôle emploi par la fusion de l’ANPE et de l’Unedic, réforme de la carte judiciaire, etc.). Le principe du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite montre ses limites, le pic démographique des départs étant pratiquement passé, et la plupart des services des administrations étant déjà en sous-effectif chronique, « à l’os », comme le dit un haut fonctionnaire.

Il faut donc attaquer l’os lui-même.

Lorsque l’on demande au directeur général de la DGME, François-Daniel Migeon, de nous détailler ce projet, il nie d’abord son existence« Vous imaginez bien que cela dépasse largement nos prérogatives », affirme l’ancien conseiller technique d’Eric Woerth, avant de reconnaître à demi-mot que « si d’aventure le pouvoir (le leur) demandait… », sa direction serait bien en mesure de proposer différents scénarios.

Pourquoi un tel secret ? Après tout, faut-il s’offusquer de ce que Bercy mène une réflexion sur les missions de l’État, question sur laquelle les rapports sont légion depuis trente ans ? Si cette direction de Bercy tient à être discrète, c’est sans doute parce qu’à laDGME, on n’est justement plus dans la réflexion mais « dans le faire », selon une expression prisée par ses jeunes consultants. Et la discrétion est pour cette direction le meilleur gage d’efficacité.

Le patron de la DGME n’élude pas cette critique récurrente depuis qu’a été lancée la RGPP. « Il y a une part de vrai, mais elle est assumable. Il s’agissait de mettre en œuvre des réformes dont on parlait depuis très longtemps mais qu’on n’arrivait pas à faire. » affirme ainsi François-Daniel Migeon. Quand Nicolas Sarkozy arrive au pouvoir en mai 2007, l’essentiel de ce qui deviendra la RGPP est déjà prêt. S’il a bien annoncé vouloir moderniser l’État en ne renouvelant pas un fonctionnaire sur deux, la déclinaison concrète de la réforme – et les quelque 500 mesures mises en œuvre – n’a jamais été discutée.

Parlementaires, élus locaux et, a fortiori, syndicats de fonctionnaires ont été soigneusement tenus à l’écart du processus. « Le parlement n’y a jamais été associé, ou alors simplement au moment du vote des budgets. La démarche a été confinée à des très hauts niveaux de l’administration », déplore le député PS Christian Eckert, auteur d’un rapport décapant sur la RGPP, co-dirigé avec le député UMP François Cornut-Gentille et paru cet automne.

Le rapport condamne ainsi une réforme « élitaire et verticale, laissant la quasi-totalité des agents publics dans l’ignorance des fondements et motivations des décisions prises, ainsi que des solutions alternatives envisagées ». Retour sur cinq ans d’opacité.

Michel Pébereau

À l’été 2007, débarquent dans les ministères des équipes mixtes d’audit (du privé et du public) chargées « de documenter les perspectives d’évolution, de réfléchir aux actions à entreprendre pour les années à venir. », selon l’expression d’Eric Woerth, alors ministre du budget. Déjà, l’impression de secret s’installe. « Les rapports avec eux étaient minimaux. Ils s’enfermaient dans le bureau qu’on avait mis à leur disposition sans qu’on explique ce qu’ils venaient faire. », nous raconte un haut fonctionnaire du ministère de la culture. Comme le constatent les députés Christian Eckert et François Cornut-Gentille, « les travaux de ces équipes mixtes n’ont jamais été publiés et n’ont donc donné lieu à aucun débat public ».

Lorsqu’ils en font la demande quatre ans après, ces députés se heurtent à une fin de non-recevoir. « Le secret persistant en réponse à une demande parlementaire sur des travaux accomplis il y a quatre ans ne paraît pas justifié dans le contexte d’un travail d’évaluation et de contrôle décidé par un organe de l’Assemblée nationale », concluent-ils dans leur rapport.

Les clés de la modernisation de l’État ont-elles été abandonnées à une poignée de jeunes consultants ? Évidemment comme le précise celui qui est alors ministre du budget, Eric Woerth, « ce qui est demandé à ces équipes, ce n’est pas de trancher, ce n’est pas de choisir ». Officiellement, les décisions seront prises par le Comité de modernisation des politiques publiques, le CMPP, dont la composition laisse pourtant songeur. Outre le président de la République et le Premier ministre, qui le président, y siègent le ministre du budget, les ministres concernés par les mesures de modernisation, les rapporteurs des deux commissions des finances à l’Assemblée et au Sénat, et le tout-puissant banquier Michel Pébereau « La composition de ce comité est ubuesque », s’agace Christian Eckert, qui ne comprend pas « la présence d’un grand financier dans une telle instance ».

A quel titre ce grand patron y siège-t-il ? La réponse du patron de la DGME à Bercy laisse perplexe. Au lieu de le présenter comme l’auteur du rapport sur la dette publique de 2005, il affirme de but en blanc : « C’est une personnalité qualifiée. Michel Pébereau a eu à porter d’importantes transformations dans son entreprise, ce qui lui donne une vraie expertise. » Le tout-puissant patron a en effet mené la privatisation de deux banques, dont la BNP qu’il a dirigée jusqu’en 2003. Une bien précieuse expertise.

Cela dit, rien ne se passe réellement dans cette instance rapporte un bon connaisseur du dossier : « Tout a en fait été décidé entre Claude Guéant et Jean-Paul Faugères (le directeur de cabinet de François Fillon – ndlr). » Il se réunissent au départ tous les quinze jours pour suivre l’avancée de la réforme et décident, dans la centaine de propositions que la DGME leur propose, celles qui sont acceptables ou non.

« La RGPP, c’est vraiment le bébé de Claude Guéant »

Car, outre Eric Woerth qui a travaillé à l’élaboration de la RGPP avec les anciens membres de son cabinet sous Raffarin (dont celui qu’il fera nommer à la tête de la DGME, François-Daniel Migeon), l’autre maître d’œuvre de la réforme de l’État est le futur secrétaire général de l’Elysée. « La RGPP, c’est vraiment le bébé de Claude Guéant », explique ce même haut fonctionnaire qui a suivi de près ce processus. Claude Guéant aurait notamment veillé à ce que le ministère de l’intérieur garde un ascendant sur la réforme de l’administration territoriale d’État (RéATE). Placer tout le monde sous l’autorité du préfet de région, principale conséquence de cette réforme, n’est en effet pas inutile quand toutes les régions ou presque ont basculé à gauche… Et tant pis si cela n’a que très peu à voir avec la modernisation de l’État.

Comme le prouve encore aujourd’hui le secret entourant les travaux de la DGME, la réforme de l’État est un sujet décidément trop sérieux pour s’enliser dans quelque consultations démocratiques, ou perdre son temps avec de bien inutiles « corps intermédiaires ».

« Il y a quand même un grand danger à confier à une organisation composée de gens du privé le rôle de penser les politiques de l’État », s’alarme au secrétariat général d’un grand ministère un haut fonctionnaire à qui l’on apprend l’existence de ces travaux visant à préparer l’acte II de la RGPP. Tout cela lui semble dans le droit fil de ce qu’il a connu dans son ministère ces cinq dernières années. « On confie cela à des gens qui connaissent mal, quoi qu’ils en disent, les politiques publiques. Ils découpent et réécrivent les procédures pour obtenir des gains d’effectifs mais sans mesurer toutes les conséquences de leurs choix », poursuit-il.

Si la discrétion permet d’avancer plus efficacement, comme le plaident certains à Bercy, il se pourrait qu’elle permette aussi (ou surtout ?) de dissimuler les invraisemblables conflits d’intérêts à l’œuvre dans cette réforme. Nous le verrons dans le prochain volet de notre enquête.

La réalité d’Alstom est dans ce texte, “à l’os” et “prise d’intérêt”. Accuser les États-Unis de vouloir depouiller la France, voler ses brevets et prendre ses technologies, est sans doute a l’image de la RGPP, une façon de conserver le secret, accuser un allié plutôt que devoiler soi-même les erreurs du gouvernement français. La situation est grave, mais il semble qu’en France, les députés, les sénateurs, les maires aient deja déclaré forfait, trop bien habitués a croire ce que les médias mainstream leur raconte. L’Amerique est et a toujours été le coupable idéal des mauvaises affaires de la France, et semble-t-il, ça continue.

Print Friendly, PDF & Email